Phytothérapie
Raifort
Ses vertus ne sont pas sans rappeler celles de son cousin, le Cochléaria officinal. Comme lui, il est un des végétaux antiscorbutiques les plus puissants. Ses énergiques propriétés apéritives et stimulantes le font employer contre l’anémie et le manque d’appétit. Il tonifie l’estomac et en excite les sécrétions. Diurétique, on l’emploie aussi dans l’hydropisie, la goutte et les rhumatismes. Expectorant, on l’administre dans les catarrhes chroniques, l’asthme, la bronchite.
La racine de Raifort doit être récoltée à plus d’un an et à moins de deux ans. Elle ne perd pas ses propriétés par sa dessiccation lorsque celle-ci a été bien conduite, c’est-à-dire à la chaleur du soleil ou d’une étuve faiblement chauffée. A l’extérieur, le Raifort peut remplacer la Moutarde comme rubéfiant.
Pissenlit
On utilise les feuilles et les racines, mais, en fait, les racines sont plutôt considérées comme médicales et les feuilles comme alimentaires : disons qu’on peut considérer ces dernières comme le type même du médicament-aliment. Dans les temps lointains, le suc du Pissenlit était considéré comme le spécifique des troubles de la vue. Il semble que cette vertu n’ait pas été démontrée.
Depuis bien longtemps, la médecine populaire reconnaissait à la racine de Pissenlit le pouvoir de stimuler les fonctions hépatiques. Cette propriété a été confirmée par Vignal, Brisemoret et Leclerc, qui l’employaient avec succès contre les congestions du foie. Des travaux ont prouvé que le Pissenlit agissait en augmentant la quantité de bile formée (une décoction de feuilles fraîches double le volume de bile excrétée, une décoction de racines fraîches le quadruple). En même temps, le Pissenlit augmente la contractilité de la vésicule biliaire et agit sur le foie lui-même. Il n’est donc pas étonnant que sa réputation soit si grande dans le traitement de l’insuffisance hépatique, des crises hépatiques douloureuses et des ictères. De plus, par l’intermédiaire de la fonction biliaire stimulée, il régularise les fonctions intestinales et combat remarquablement la constipation. Il agit efficacement contre différentes dermatoses et la cellulite, souvent en rapport avec une insuffisance hépatique. On l’utilise aussi dans le traitement de l’hypercholestérolémie et, par conséquent, de l’athéromatose.
Quant à ses vertus diurétiques, elles sont réelles et connues depuis longtemps, puisqu’il leur doit son nom imagé.
Le Pissenlit possède, en outre, des vertus apéritives et toniques ; c’est un reconstituant et un régénérateur du sang, qu’on recommande depuis bien longtemps contre les « pâles couleurs ».
Son usage procure aussi un effet embellissant, car on assiste rapidement à un éclaircissement du teint et au nettoyage de la langue. De plus, son suc frais appliqué sur les taches de rousseur les fait disparaître.
Cynoglosse
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Astringente, la racine était utilisée contre l’hémoptysie et la diarrhée. On lui attribue aussi des vertus narcotiques et ce sont elles qui sont mises en application dans les « pilules de Cynoglosse », préparation officinale où entrent, d’autre part, la Jusquiame et l’opium, et destinée à procurer le sommeil aux malades. Les « grains sédatifs de Dumont » sont aussi des pilules de Cynoglosse, mais dans lesquelles on ajoute du lactucarium (ou suc de Laitue) à la place de l’opium.
Les cataplasmes de feuilles sont encore très utilisés contre les brûlures.
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Cerisier
On employait autrefois l’écorce de l’arbre comme fébrifuge et antigoutteux. Le gomme qui sort du tronc et des branches est, dit-on, un bon remède de l’arthrite et, dissoute dans l’eau, donne une lotion efficace contre les dartres.
Mais on utilise surtout les propriétés médicinales des fruits et des pédoncules ou “queues”.
Très rafraîchissante par son agréable acidité, la cerise désaltère à merveille, et cette propriété est d’ailleurs utilisée dans le “sirop de cerises”. Elle est recommandée aux obèses, aux hypertendus, aux goutteux et aux rhumatisants. Légèrement laxative, elle est utile aux constipés. Quant aux queues de cerise, elles sont de longue date utilisées comme diurétique.
La cure de cerise est utilisée contre l’obésité ou l’arthritisme ; elle consiste à remplacer les repas par une livre de cerises pendant quelques jours de suite ou encore un jour par semaine durant la saison.
Bardane
On utilise surtout la racine provenant de pieds jeunes n’ayant pas fleuri (cette racine fraîche, récoltée en automne, est d’ailleurs un agréable succédané du salsifis).
La réputation de la Bardane fut considérable au Xvème siècle, car elle guérit le roi Henri III atteint d’une maladie de peau.
Le domaine de la peau est resté celui de la Bardane, et il faut dire que sa renommée n’est pas surfaite quant aux affections chroniques cutanées.
Au XVIIème siècle, Lazare Rivière (dont le nom est lié à la “potion de Rivière”) étudia plus particulièrement la Bardane pour ses propriétés antisyphilitiques. Contenant un antibiotique végétal doué d’un pouvoir antiseptique particulièrement intéressant sur le staphylocoque, il n’est pas étonnant qu’elle donne de birllants résultats dans la furonculose, l’acné, certaines formes d’eczéma, les croûtes de lait, etc. Elle possède aussi une action stimulante sur le revêtement cutané.
Diurétique et surout sudorifique, agissant comme un bon dépuratif général et favorisant l’élimination des éléments résideuls de l’organisme par les glades sudoripares, la racine est recommandée, de plus, contre la goutte et les rhumatismes.
Les travaux modernes de G. Poitrowski ont prouvé que la Bardane recèle une substance hypoglycémiante appartenant au groupe des vitamines B, et probabelement apparentée à la vitamine B2. C’est pourquoi on peut prescrire la Bardane dans le diabète, où son usage amène une nette diminution de la glycémie. Cette découverte explique, d’autre part, l’action si nette de la Bardane contre la furonculose, cette maladie étant souvent liée à un excès du sucre sanguin.
La dessication rend malheureusement la plante peu à peu inerte. C’est pourquoi elle est généralement employée en pharmacie sous forme d’extrait mou stabilisé. Il faut donc, pour obtenir une efficacité certaine, employer la racine fraîche.
Bourrache
De tout temps, la Bourrache a été utilisée comme sudorifique dans les cas où il est bon de provoquer la sueur (refroidissement, rhume, bronchite et aussi rhumatisme). Son emploi augmente l’épuration de l’organisme et permet de faire tomber une grande fièvre. De plus, le mucilage qu’il contient est excellent pour la toux. Mais, d’autre part, grâce à son nitrate de potassium, la Bourrache est encore un remarquable diurétique qui active l’élimination par les reins. C’est pourquoi elle est très recommandée aussi contre les fièvres éruptives (rougeole, scarlatine, variole) et comme dépuratif contre les maladies de la peau, l’herpès particulièrement : ses feuilles fraîches, écrasées avec celles de Pissenlit et de Cresson, donnent le “jus d’herbes dépuratif”.
Géranium Robert
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Le Géranium Robert a été vanté par Sennert contre la stérilité et le cancer de l’utérus. Astringent et antispasmodique, on l’utilise contre la diarrhée et les hémorragies utérines. Plusieurs auteurs lui reconnaissent aussi des propriétés antidiabétiques : il diminue la glycosurie.
On l’emploie beaucoup pour l’usage externe en gargarismes dans les angines et les inflammations des amygdales, en lavages d’yeux dans l’ophtalmie, en cataplasmes dans l’engorgement laiteux des seins et pour cicatriser rapidement les blessures.
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Buglosse
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Peu utilisée de nos jours, la Buglosse faisait pourtant partie, avec la Violette et la Bourrache, des « trois fleurs cordiales » dont le poète-médecin de la Renaissance Thibault Lespleigney fait état dans son Dispensarium medicinarum. Les fleurs sont diurétiques et sudorifiques, facilitent l’expectoration et peuvent remplacer la Bourrache lorsque celle-ci fait défaut.
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Menthe poivrée
Toutes les espèces de Menthe, qu’elles soient sauvages ou cultivées, jouissent à peu près des mêmes propriétés médicinales.
La Menthe sous son appellation générale était connue et appréciée des Anciens. Les Assyriens-Babyloniens s’en servaient pour combattre la paresse d’estomac et les Hébreux comme stimulant. Dioscoride l’utilisait dans la faiblesse d’estomac. Tous les auteurs s’accordent pour reconnaître à la Menthe des propriétés particulières comme stimulant de l’appareil digestif ; elle a la réputation d’être cordiale, tonique et excitante. Elle est aussi antispasmodique et analgésique. Augmentant la production de bile, elle est, de plus, par le menthol qu’elle contient, un bon antiseptique.
On la recommande dans les digestions pénibles et les vomissements, les douleurs d’estomac et d’intestin, les intoxications gastro-intestinales, l’aérophagie et les ballonnements.
Trousseau la préconisait non seulement contre les vomissements, mais aussi contre les toux quinteuses incoercibles. Mais ses vertus ne sont pas uniquement digestives et antispasmodiques. Si Hippocrate et Aristote la jugeaient anaphrodisiaque, Dioscoride et Mathiolle pensaient le contraire. Le Dr Leclerc comme le Dr d’Heilly, qui lui consacra une thèse, considèrent que la Menthe est un stimulant « fort propre aux jeux de l’amour ».
A l’extérieur, la Menthe est employée à de multiples usages. On l’utilise en compresses contre la migraine et la névralgie faciale, en gargarismes contre la gingivite, la stomatite ou plus simplement la mauvaise haleine. On la mêle à d’autres plantes parfumées, Romarin, Thym, Sauge, etc., dans des bains fortifiants, aromatiques ou antirhumatismaux.
Primevère
Selon une longue tradition médicale venant de l’Antiquité, les thérapeutes ont longtemps considéré la Primevère comme le spécifique de la paralysie. Le Dr Chomel, médecin de Louis XV, qui nous apprend à cette époque la plante était déjà désignée sous son nom populaire d’Herbe à la paralysie, ajoute qu’elle guérissait surtout «la paralysie de la langue et le bégaiement ».
Le bon abbé Kneipp la préconisait contre l’arthrite : « Si vous avez une prédisposition à l’arthrite ou que vous souffriez déjà de cette maladie, buvez pendant un certain temps de la tisane de Primevère, chaque jour une tasse. Les douleurs seront atténuées et finiront par s’éteindre ».
Linné, de son côté, trouvait que les « fleurs sont sédatives, cament la douleur et provoquent le sommeil ». Ces propriétés calmantes et antispasmodiques furent mises à profit par Ray, Bartholin et Lieutaud, qui les utilisaient dans l’hystérie, l’apoplexie, les maux de tête, les vertiges, l’insomnie et les contractions nerveuses de l’estomac. Elles jouissent aussi de propriétés béchiques utiles dans les rhumes traînants.
La racine d’après de Dr Leclerc, a le pouvoir d’augmenter les sécrétions salivaires et bronchiques. Elle favorise donc l’expectoration et elle est très recommandée dans la bronchite, la pneumonie et la coqueluche. Le Dr Leclerc la préconise également dans le traitement des contusions et des enflures des membres blessés.