Phytothérapie
Girofle
Sainte Hildegarde, au Moyen Age, en vante les mérites contre les maux de tête, la surdité et l’hydropisie. Plus tard, on le trouva bon pour soulager les douleurs, cicatriser les blessures, fortifier l’estomac et le cœur et, surtout, pour préserver de la peste. De nos jours, avec la découverte de l’eugénol, son principe actif, les propriétés du Clou de Girofle ont été confirmées. C’est un antiseptique puissant, puisqu’une émulsion de Girofle à 1 p. 100 seulement est 3 à 4 fois plus antiseptique que le phénol. Il excite l’appétit et suractive toutes les glandes digestives à tous les niveaux. Il stimule les estomacs atones et lutte contre les fermentations et les ballonnements.
Pour l’usage interne, il se montre bénéfique dans les dyspepsies, la prévention des maladies infectieuses et aussi dans les asthénies avec perte de mémoire.
Pour l’usage l’externe, il entre dans de nombreuses préparations, pommades et liniments.
Vanté par Ambroise Paré comma analgésique des douleurs dentaires, cette réputation du clou de Girofle à traversé les siècles : par le truchement de l’eugénol, son élément principal, il est très utilisé en thérapeutique dentaire comme anesthésique et il entre dans la composition de nombreux élixirs dentifrices.
Afin que le clou de Girofle puisse faire apprécier toutes ses qualités sans risquer d’irriter les muqueuses fragiles, il doit être utilisé en petite quantité, afin de ne pas donner un goût amer aux aliments.
Génépi
Pavot à graines noires
Au point de vue médical, l’huile d’œillette a été très utilisée par les médecins pour les mêmes usages que l’huile de Lin ou que l’huile d’Amandes douces.
Lémery, grand pharmacologue du XVIIIème siècle, admettait que les semences du Pavot noir « sont anodines, pectorales et adoucissantes et l’huile que l’on en tire et propre à décrasser et à adoucir la peau ».
Plus près de nous, Cazin, ardent propagandiste des plantes de son Calaisis natal, considérait l’huile d’œillette comme un excellent laxatif, « dont quelques onces suffisent à déclencher plusieurs selles ».
Dubois, de Tournai, l’a proposée comme succédané de l’huile de foie de morue, bien plus acceptable que celle-ci, et en donna pour preuve une vingtaine d’observations dans le traitement des affections scrofuleuses et du rachitisme.
Nerprun
Le Nerprun est un purgatif énergique.
L’écorce, qu’il faut laisser vieillir deux ans avant de l’utiliser, a été abandonné, car, produisant à la fois vomissements et diarrhées, il était trop délicat de l’employer sans discernement.
On utilise souvent les baies, qui constituent, elle aussi, un purgatif très énergique, qu’il ne faut employer que si le médecin a jugé une telle purgation.
On les vantait naguère contre l’hydropisie, la congestion cérébrale, les maladies chroniques de la peau.
On prétend que deux baies prises chaque matin suffisent à éloigner un accès de goutte.
Curcuma
.
Sans doute déjà connu par Dioscoride, le Curcuma était utilisé aux Indes contre les dermatoses prurigineuses et les ophtalmies purulentes. Il jouissait d’une grande faveur au XVIIème siècle, et Lémery le considérait comme apéritif et comme « propre à lever les obstructions de la rate, pour la jaunisse et la pierre ». Cazin et les médecins du XIXème siècle l’employaient comme stimulant du foie, excitant des fonctions digestives et diurétique. Leclerc et Parturier le préconisaient dans la jaunisse et les troubles urinaires. Les propriétés cholérétiques du Curcuma ont d’ailleurs été confirmées à plusieurs reprises. On peut utiliser la poudre comme épice dans certains plats de cuisine exotique.
.
Menthe Pouliot
Connue des Grecs et des Romains, la Menthe Pouliot est reconnue comme stimulante et excitante du système nerveux.
Elle active, d’autre part, la sécrétion bronchique et favorise l’expectoration, ce qui la fait recommander dans l’asthme, la toux quinteuse et l’enrouement. Cazin l’associe alors au Serpolet, à l’Hysope et à la Sauge.
Haller la préconisait aussi comme emménagogue et vermifuge et conte le hoquet et les vomissements.
Lierre terrestre
Bien qu’on ait employé le Lierre terrestre dans les affections du tube digestif et des voies urinaires, de nos jours on ne considère plus guère comme valables que les propriétés expectorantes de la plante. On l’utilise dans l’irritation des muqueuses due à la bronchite chronique, à la grippe, à l’asthme. C’est un stimulant des bronches.
En compagnie d’une quinzaine d’autres plantes, il fait partie des espèces vulnéraires du Codex, appelé aussi Thé suisse, remède populaire à absorber contre les commotions de toutes sortes, particulièrement à la suite d’une chute. On l’utilise parfois à l’extérieur en cataplasme calmant et résolutif.
Oranger
La feuille du Bigaradier est très souvent utilisée pour ses propriétés sédatives, car elle calme les spasmes des nerveux et leur permet de trouver le sommeil. Elle et aussi recommandée contre les toux quinteuses, les crampes d’estomac d’origines nerveuses, les palpitations, la céphalalgie et, accessoirement, comme fébrifuge et sudorifique en cas de rhume. On se sert, pour les mêmes usages, de la fleur de Bigaradier, bien que celle-ci soit plutôt réservée pour la préparation de l’hydrolat pharmaceutique extrêmement connu : l’eau des fleurs d’Oranger, appelée encore eau de Naphé, très parfumée, utilisée dans l’alimentation et en pharmacie et qui jouit, elle aussi, de propriétés calmantes. On extrait de ces fleurs l’huile de néroli, qui est la base des eaux de Cologne de qualité.
Bien que la feuille et la fleur d’Oranger doux jouissent à peu près des mêmes propriétés, l’herboristerie utilise surtout celles du Bigaradier, bien supérieures comme arôme et comme goût.
L’orange douce est l’un de nos fruits les plus estimés : Ninon de Lanclos, déjà, la belle des belles, attribuait son inaltérable jeunesse aux Oranges qu’elle mangeait chaque jour. Fruit de luxe encore jusqu’au milieu du XIXème siècle, chacun connaît de nos jours sa richesse en vitamines. L’Orange douce (appelée aussi Pomme de Médie ou de Perse) sert à faire un agréable sirop rafraîchissant et acidulé et une limonade, l’orangeade, recommandés tous deux comme boisson au cours des maladies fébriles. Les zestes servent à faire l’essence de Portugal des parfumeurs.
Seule l’écorce d’Orange amère est utilisée en médecine : elle sert à faire des sirops, une teinture, des alcoolats. Très bon stomachique, c’est, en même temps qu’un apéritif, un excellent tonique de l’estomac et des voies digestives. L’écorce d’Orange douce, beaucoup moins amère, n’a pas une action aussi marquée. On retire des fruits tout jeunes du Bigaradier qui tombent spontanément, nommés Orangettes ou Petits Grains, une huile volatile qui porte leurs noms. Les Orangettes deviennent très dures en séchant et servaient autrefois à faire les pois à cautères, dits « Pois d’Oranges ».
Persicaire âcre
On employait autrefois la plante comme diurétique dans l’hydropisie, la gravelle, les catarrhes vésicaux.
De nos jours, on s’adresse plutôt aux propriétés hémostatiques de la plante. Krarkowen la recommande dans l’hémoptysie, les hémorragies gastriques, vésicales et hémorroïdaires.
Le Dr Kaminskaïa a obtenu de bons résultats dans les fibromes utérins, la ménopause, la déviation de l’utérus et la dysménorrhée des jeunes filles.
D’après le Dr Leclerc, la Persicaire a la propriété de rendre le sang plus coagulable et plus épais.
A l’extérieur, la Persicaire appliquée fraîche sur la peau peut remplacer la Moutarde, car elle est rubéfiante et vésicante.
On emploie aussi la décoction pour dissiper les œdèmes des chevilles et des jambes et pour lotionner les plaies et ulcères (elle servait autrefois à assainir les plaies gangreneuse).
Souci
De nos jours, lorsqu’il est encore utilisé pour l’usage interne, c’est presque uniquement pour ses propriétés emménagogues : les fleurs de Souci, en effet, favorisent l’apparition des règles et les rendent moins douloureuses, surtout lorsque ces menstruations difficiles sont accompagnées, ou résultent, de dépression nerveuse et d’anémie.
Pour l’usage externe, il a gardé sa réputation d’autrefois. Anti-infectieux efficace, il nettoie et guérit les maux cutanés en un temps record (c’est le Calendula homéopathique).
Il sert toujours en bain d’yeux contre l’ophtalmie, pour panser les brûlures et les engelures, les plaies infectées, et contre diverses maladies de peau (acnés, impétigo, ulcères, eczéma). Il passait même jadis pour être anticancéreux. On l’utilise aussi contre les cors et les verrues.